Publié le 16 Mai 2025

En Indre-et-Loire, les maisons troglodytes sont bien plus qu’une curiosité locale. Ces habitations atypiques, creusées directement dans la roche de tuffeau, offrent un charme unique et une atmosphère fraîche en été comme en hiver. Mais pour les diagnostiqueurs immobiliers, elles représentent aussi un vrai casse-tête. Car si leur allure est singulière, leur configuration l’est tout autant.

Des caractéristiques hors normes

Imaginez une maison encastrée dans la roche, avec des murs naturellement frais, parfois même un peu humides, et des pièces aux proportions atypiques. Vous êtes dans l’une de ces fameuses maisons troglodytes de Touraine, qui attirent de plus en plus de curieux en quête d’un habitat insolite. Mais si vivre dans une caverne aménagée peut faire rêver, cela complique sérieusement la tâche des diagnostiqueurs. Premier problème : l’isolation thermique. Les maisons troglodytes bénéficient d’une inertie naturelle grâce aux parois en tuffeau, ce qui maintient une température relativement constante. Mais pour le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE), cette particularité fausse parfois les calculs. Le tuffeau n’est pas un isolant en soi, et les pertes énergétiques peuvent se produire par des ouvertures mal adaptées ou des matériaux de réhabilitation non conformes. Résultat : un DPE souvent plus faible que prévu, alors que le ressenti thermique est plutôt agréable. Autre souci : l’humidité. Le tuffeau est une roche poreuse qui capte l’eau. Dans certaines maisons troglodytes, l’humidité peut devenir problématique, notamment si la ventilation est insuffisante. Pour le diagnostic amiante ou plomb, les diagnostiqueurs doivent également faire preuve de prudence, car les matériaux ajoutés au fil des années (enduits, cloisons) peuvent masquer des contaminants.

Des diagnostics qui sortent de l’ordinaire

Pour le diagnostiqueur immobilier, ces maisons sont un vrai défi. Chaque intervention nécessite une connaissance pointue des matériaux locaux et des techniques de construction troglodyte. Par exemple, la ventilation naturelle par des cheminées d’aération doit être vérifiée, car une mauvaise circulation de l’air peut aggraver les problèmes d’humidité. Quant aux installations électriques, elles sont souvent rafistolées au fil des décennies, avec des gaines directement encastrées dans la roche. Si le lieu a servi de cave ou d’habitation secondaire, le réseau électrique est parfois artisanal, voire carrément périlleux. Un diagnostic électricité dans ce contexte demande une vigilance accrue pour détecter les raccordements improvisés. Pour l’audit énergétique, c’est un peu la loterie. Certaines maisons troglodytes rénovées avec des matériaux modernes affichent de bonnes performances, tandis que d’autres, restées dans leur jus, peinent à répondre aux normes actuelles. Le diagnostiqueur doit donc jongler avec l’histoire du lieu et les aménagements réalisés au fil du temps.

Le charme à double tranchant

Pour les futurs acquéreurs, la maison troglodyte peut être un coup de cœur. Mais mieux vaut être bien informé avant de signer. S’assurer de la solidité de la roche, de la gestion de l’humidité et des installations techniques est essentiel pour éviter les mauvaises surprises.

Pour les diagnostiqueurs, maîtriser l’expertise troglodyte, c’est aussi valoriser leur savoir-faire local. En prévenant les acheteurs des particularités de ces habitations, ils contribuent à préserver ce patrimoine unique tout en garantissant la sécurité et le confort des futurs occupants. En somme, les maisons troglodytes sont des bijoux de la Touraine, mais pour qu’elles gardent leur éclat, un diagnostic adapté est indispensable. Car vivre dans la roche, c’est romantique… à condition que les murs ne suintent pas en plein hiver !