Publié le 29 Décembre 2023
En raison de ses propriétés uniques et de son faible coût d’extraction, l’amiante a été largement utilisé dans divers secteurs, tels que le bâtiment et les travaux publics, pendant plus d’un siècle. Depuis 1997, l’amiante est considéré comme une substance cancérogène par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Plusieurs milliers de produits à utilisation industrielle ou domestique ont été fabriqués pour l’isolation thermique d’équipements chauffants, de faux plafonds, de joints ou la fabrication de composés de construction comme des plaques ondulées, des éléments de façade, des gaines de ventilation, des canalisations, etc., et constituent autant d’expositions pour les professionnels et l’ensemble de la population.
C’est ainsi environ 150 000 tonnes d’amiante qui étaient utilisées chaque année en France dans les années 1970. Ensuite, elle a été progressivement restreinte jusqu’à ce qu’en 1997, la fabrication et l’importation de produits amiantés soient complètement interdites. Cependant, il reste des matériaux amiantés, en particulier dans les bâtiments, mais aussi dans certains revêtements routiers, dont le recyclage a été autorisé jusqu’en 2013.
Les populations les plus exposées sont les travailleurs. On citera bien entendu ceux qui étaient chargés d’extraire, de transformer et d’utiliser l’amiante, mais aussi ceux confrontés à une exposition professionnelle passive. Ces derniers travaillent dans des locaux où l’amiante est présent, mais dégradé ou travaillent à proximité de travailleurs intervenant sur l’amiante. La population au sens large du terme peut également y être exposée de manière passive. C’est le cas de toutes les personnes qui vivent dans un bien contenant l’amiante ou à côté d’un chantier dans lequel de l’amiante est présent.
Du fait que les poussières d’amiante sont invisibles, tout individu peut y être exposé sans le savoir. Or, selon des études publiées ces quatre dernières années, le risque amiante reste présent, notamment dans les établissements scolaires, dans des proportions importantes. Une étude de juin 2023 fait apparaitre que sur 19 331 écoles sondées, la moitié d’entre elles présente des traces d’amiante et un tiers ne dispose pas du DTA, pourtant indispensable pour identifier le risque amiante. Plus alarmant encore, dans 12 d’entre elles, on a relevé des poussières d’amiante au sol ou sur les bureaux. En région parisienne, de nombreux bitumes contiennent encore de l’amiante, même si les pouvoirs publics accentuent la dépollution. Un sol bitumeux a une durée de vie entre 10 et 20 ans. L’amiante ayant été interdit en 1997, de nombreuses routes en contiennent encore.
Plus récemment, un rapport a présenté le cas d’une exposition importante lors d’un incendie. Un DTA avait été réalisé, mais l’action du feu et des intervenants a largement contribué à dégrader les matériaux amiantés. Les poussières ont pu se propager rapidement aux alentours. Si les pompiers étaient protégés grâce à leur équipement, il n’en était pas de même pour tous les autres intervenants (forces de l’ordre, ambulanciers, journalistes, badauds…), présents sur le lieu du drame ou résidant à côté.
De nombreux professionnels de santé estiment qu’un vaste chantier de dépollution est nécessaire afin de protéger les populations, et en particulier des expositions passives. Mais le coût de la dépollution peut être assez important : de 20 à 40 € le m² pour un extérieur en fibrociment, de 30 à 80 € pour une toiture et entre 100 et 200 € pour des dalles de sol. Des chiffres aussi vertigineux que celui de l’amiante encore disséminé en France : près de 20 millions de tonnes.